C L E S I A S T I Q_Ù É S. i/ grandPrince du monde, lefiec-led’ordoitreve- sìbyllefl-nir, comme il a efté prédit par la Sibylle ; que l’abondance, & la paix vont fleurir par tout le monde; que laVierge Aftrée, qui eftlaDéefle de lajuftice , qui avoit quitté la terre au com-mencement du fiecle de fer, y va defeendre tout de nouveau. Qu’y a-t-il dans tout cela qui ap-proche desprophetiesquiconcernentj.C. ? Otr plùtót qu’y a-t-il qui ne foit tout-a-fait prophane, & feint par un Poeto Pa'fen, qui ne fe fert dunom de la Sibylle, que pour flatter davantage Augufte, & pour donner plus de poids à ce qu’il dit à fa loiiange- Enfili les paroles d’Aurelien ne marquent point, que les Pafens euffent dé-fendu aux Chreftiens la lecture des Livres Sibyllins, mais feulement, que les Chreftiens les confideroient comme des Livres prophanes, qui ne concernoient en aucune maniere leur Religion , & aufquels ils n’ajoùtoient point de foi. Les Livres attribuez à Hyftape, &àMercure Trilmegifte citez aulii par les anciens Peres ri’e--ftoient pas moins fuppofez, que les Vers des Si--bylles. Nous n’avons rien d’Hyftape , & cét Auteur a efté entierement inconnu aux anciens Pai'ens. Mais l’on ne peut pas dire la mefme chofe deMercurefurnomméTrifmegifte, »du--quel les plus anciens Auteurs Pai'ens ont parlé, comme d’un homme incomparable, qui eftoit L’inventeur de tou-s les Arts , & de toutes les Sciences. 0 II eftoit d’Egypte, & plus ancien, que tout ce que nous avons d’Auteurs prophanes. On ne le croit pas mefme moins ancien-queMoi'fe, il avoit écrit, ou au moins on lui at-tribuoit vingt-cinq , ou trente mille Volume?.-Nous avons prefentement fous fon nom deux Dialogues, dont l’un porte le nom de Pimander,-& l’autre d’Afclepius , qui en font les princi-paux perfonnages. Le premier Traité eft de la volonté de Dieu, & le fecond de fa puiffance. Ce font ces Traitez que les anciens Pères ont citez, pour prouver les veritez de noftre Religion par l’autorité d’un Auteur aulii celebre que celui,. dont ils portoient le nom. Mais ileftcertain, qu’ils nepeuventpointeftredelui; carl’Auteur de ces Traitez eft un nouveau Platonicien Chre-ftien, qui raifonne fur les principes de la Philo-fophiePlatonicienne, & qui a pris dans l’Ecri-ture ce qu’il dit du Verde de Dieu & de la création-du Monde. Il n’eft pasbefoindemohtrérlafàuITetéd’une ^ettre Lettre attribuée à Lentulus é'crite au Senat, & au peuple de Rome touchant les actions dej E-s u s-C H R1 st : la fuppofition en eft évidente. On la fait écrire par Lentulus en qualité de Gouverneur de Jerufalem quoiqu’il nel’ait jamais efté- DES AUTEURS E C tMcs. ma's convenas de l’autorité des Livres des Si-' ' bylles citez paries Peres, au contraire ilparoift, que Celfe eftoit perfiiadé, que les Ciirétiens les avoient fuppofez, & faint Auguftin dit nette-ment, que c’eftoit 1’opinionde touslesPaiens. Les vers Sibyllins dont parie Ciceron, eftoient paracroftiches, c’eft-a-dire,. que le premier vers de chaque Sentente contenoit de fuite toutesles lettres qui commenqoient les vers fuivans. Or panni les vers desSibylies iln’y aqueceux, qui font citez. par Conftantin, quifoientcompofez en acroftiches. Quant a ce que du temps de Pompée, deJulesCefar, &d’Augufte,lebruit avoit couru, que les Livres Sibyllins predifoient, qu’il devoitbien-toftnaiftre un nouveau Roi,. il eft aifé de répondre avec Ciceron , que les vers attribuez aux Sibylles par les Pai'ens efto-ient compofez. en forte qu’on pouvoit leur donner tonte forte de fens, qu’ils parloient peut-eftre de quelque Roi fatur, comme c’eft 1’ordinaire de . tes fortes de Propheties. Ainfi lorique la gran-deur de Pompée commenqoit à eftre formidable à l’Empire Romain, on voulut le fervir de ce prétexte, pour l’empefcher d’aller en Egypte avec ime armée. Et Lentulus qui devoitavoir cette charge eftant Gouverneur de Syrie, fe flat-ta vainement de cette prédiction, qui avoit peut-eftre encore efté appuiée par les Propheties des Juifs, quiattendoientleMeffie, qu’ils croioient devoir eftre leur Roi- Enfuite comme il arriva que Jules Celar, & Augufte aprés lui deviarent effeciivemcnt les maìtres de 1’Empire Romain., on expliqua en leur faveurlespredidtionsdesSibylles; &iln’e-ftoit pas neceffaire pour cela, qu’elles defignaf-fent clairement 1’avenement dejEsus-CHRisT, ainfi qu’il eft remarqué dans les Livres des Sibyl-fes citez par les Peres, maisilfuffifoit, qu’elles parlaflcnt d’un>Roi fatur; ce qui eft ordinaire à tous ceux, qui fe mélent de faire des prediétions fiir l’avenir. C’eft ce qui a donne occafion à Vir-gile, qui vouloit dans fa quatriéme Eclogue faire des vers en l’honneur de Pollion fon protec-teur , loiier en mefme temps Augufte, & dé-crire la felicitò de fon Regne. C’eft , disje, ce qui lui a donné occafion, pour le faire avec plus de majefté, de fe fervir dunom de la Sibylle, & de chanter ces vers. Ultima Carnai venit 7am carminio retata Jam nova frogenies Calo demittitur alto, Jam redit & Virgo, redeunt Saturnia regna. Qui ne veulent direautrecliofe, finonqu’àla naiffance de Salonius, fils de Pollion, fous le Gonfulat de fon Pere , & fousl’Empire duplus