«a* NOUVELLEBI efté. On l’adreffe au Senat, & au peuple Romam: or depuis qu’il y a eu des Empereurs, les Gouverneurs écrivoient ordinairement aux Em-pereurs. Ce que cette Lettre contient eft ridicule, on y fait faire une defcription baffe de la figure de Jesus-ChrisT, on y dit, qu’il avoit les cheveux blonds, traìnans, & feparez. à la mode des Nazaréens. Le Itile dont elle eft é.crite eft tres éloigné de la purete, & de la poli-teffe du fiecle d’Augufte. Enfin pas un des an-ciens n’a fait mention de cettre Lettre. lettre La Lettre de Pilate à Tibere fur le fujet des Mi- racles de J E s U s-C H RI s T eft plus autorifée. CarTertullien raconte dans fon Apologetique, que Tibere aiant appris les merveilles queJesus-Christ avoit faites en Paleftine, qui étoient autant de témoignages de fa Divinité, enfitfon rapport au Senat, & fut d’avis de le mettre au nombre des Dieux ; mais que le Senat rejetta cette propofition, & que cependant Tibere demeu-ra dans fon fentiment, & fit défenfes de perfecu-ter les Chreftiens. Peu aprés le mefine Auteur ajoùte, que Pilate Chreftien dans fa confcience à écrit à Tibere la Refurrection de Jesus-Christ. Eufebe auLivrefeconddefonHi-ftoire chap. 2. rapporte cepaffagedeTertullien & expliquant plus au long comment Tibere avoit appris desnouvellesdeJEsus-Christ, dit que Pilate écrivit à l’Empereur fuivant la cou-tume des Gouverneurs des Provinces , qui étoient obligez. de lui faire fgavoir ce qui fe pafloit de plus remarquable dans leur Province, qu’il lui écrivit, dit-il, touchant la Refurrection de J E s u s-C H R i s T, l’affurant qu’il avoit appris plufieurs de fes Miracles, & que beaucoup de perfonnes le confideroient cornine un Dieu depuis qu’il eftoitreffufcité. Nous avons dans les Orthodoxographes, en-fuite de l’Epìtre de Lentulus, une Lettre attribuée à Pilate écrite à Tibere, qui contient les mefmes chofes. Mais il eft. difficile de dire, fi elle eftoit déja du temps d’Eufebe , où fi elle a depuis efté feinte fur fa narration. Quoi qu’il en foit, il y a plufieurs Scavans, qui doutent de la verité de cette Hi-ftoire, qui dans le fond atres-peu devrai-fem-blance: car quelle apparence, que Pilate écrivit à Tibere ces chofes d’un homme qu’il avoit con-damné à mort? Et quand il les lui auroit écrites , cft-il vrai-femblable, que Tibere eutpropoféau Senat de mettre cet homme au nombre des Dieux fur la fimple relation d’un Gouverneur ? Ets’ill’eùtpropofé, qui peut douter, quele Senat ne fe fùt auffi-toft rendu à fon fentiment? Ainfi, quoi qu’on ne puiffe pas abfolument ac-cufer de faux cette narration, elle doit paflèr tout au rnoins pour douteufe. BLIOTHE QJJ E Mais l’on doit rejetter comme certainement j-fuppoiees les treize Epitres, tant de Seneque à Seneaue SaintPaul, que de S.Paul àSeneque: quoique à S.Paul Saint Jerome , S. Auguftin femblent les avoir & de reconnués pour veritables : Car 1. ces Epitres 5. Paul ne font ni du ftile de S. Paul, ni de celui de Sene- à Sene-que. 32. Il y eft dit, que dans l’incendie de la ville de Rome fous Neron, il n’y eutque 132. Maifons debrùlées, ce qui eft vifiblement faux, puifqu’il eft certain qu’une grande partie de la Ville fut confumée , comme Tacite r le rapporte. 3. La datte de ces Lettres eft fauflé. f 4. Elles ne contiennent rien, qui foit digne de Seneque, & de S. Paul./ Enfin, il eft aifé de voir, que c’eft un jeu d’efprit, & qu’on a voulu s’exercer en feignant ces Lettres. Un Auteur de nos jours aiant reconnu d’un coté la fauflèté des Lettres que nous avons fous le nom de Seneque à S.Paul, & de S. Paul à Seneque, & n’ofant toutefoisdirequeS.Jerome, & Saint Auguftin, qui ont crù ces Lettres veritables, fefoienttrompez, s’eft imaginé, que les veritables Lettres de S. Paul à Seneque, & de Seneque à S.Paul, avoient efté perdués depuis leur temps , & qu’on avoit fuppofé celles que nous avons en leur place. Mais outre que le rcfpect que nous avons pour ces deuxPeres ne nous devroitpasempefcherdecroire, qu’ilsonc pù eftre abufez dans une chofe de fi peu de confe-quence, u il eft à remarquer , qu’ils ne difent pasaffirtnativement, que ces Lettres foient veritables , mais qu’on le croit ainfi communé-ment * , & qu’on les lit fous leur nom. Au rette, il eft aifédemontrer, queles Lettresque nous avons, & celles qui eftoient du temps de Saint Jerome , font les mefmes, car ce Saint dit que Seneque louhaite dans une de ces Lettres, d’eftre parmi les fiens, ce que faint Paul étoit parmi les Chrétiens , ce qui a beaucoup de rapport à ce qu’on trouve dans l’onziéme Lettre / de Seneque à faint Paul. On ne fgait quand ces Lettres ont efté fupofées, ni qui eft celui qui les a faites; & il eft difficile de dire, fi c’eft à caufe de ces Lettres, que dans les faux aétes delaPaffion de S. Lin, il eft dit, que Seneque &S. PaulécrivirentplufieursLettres, ou fi la narration decét Auteuradonnéoccafionde feindre ces Lettres, comme le Cardinal Baro-niusleconjeéture. Enfin de tous les monumens profanes, p r qu’on peut apporter en faveur de J e s u s-Christ celuiquiparoìtleplusveritable, c’eft le paffage de Jofeph tiré du chapitrc 4. de fon y. c. dix-huitiéme Livre des antiquitez Judaiques, L' dans Iequel il dit: qn’e® ce temps il y eut un hotn-\ms fage nmmé Jesus , (J? toutefois en shit fi cm-