PRELÌM lepeupled’Ifrael, pendant qu’il étoit en vie. Répon-fe, le motHebreu , commeremarque Vatable, peut fignifier auflì-bien au dé§à, qu’au delà. Pagninus, Buxtorfe, tous les habiles gens dans là langue He-braì'que en conviennent. 11 fignifie à la lettre in tran-fitu, intranfeundo, aupaffage, étantpreftà-pafier. Ainfi cette objeétion, quiparoit la plus forte» n’a veritablement aucune difficulté-
Secondeobje&ìon. Dans le Pentat euque il eft toujours parlé de Moyfe en troifiéme perfonne » il y eft loiié en plufieursendroits, commedans lesnombreschap. i-2. oùileftappelIé/^p/«j</(?^A; detousleshommes, & auDeuteronomechap. 36. où il eft dit. Qu’ilw’j*# point eu depuis Moyfe de Prophete en lfra'él quiluireffem-blat. Eft-ilcroì’ableque Moyfe fe fut ainfi loiié lui-méme? Réponfe. C’eft l’ordinàire de ceux qui font uneHiftoire, où ils onteupart, de parler d’eux en troifiéme perfonne. Cefar parie toujours dans fos Commentaires de fos aóìions en troifiéme perfonne, Jofoph fait la méme chofe dans les livres de la guerre des Juifs. Saint Jean dans fon Evangile parie aulii de foi en troifiéme perfonne. Ce difciple, dit-il, que fefis aimoit. Et dans un autre endroit : Sijeveuxqu’ildemeure, que vous importe ? &c. Saint. Matthieu racontant fa propre converfion parie de foi en troifiéme perfonne, & l’on prétendquefaint Lue étoit l’un des deux Difciples, queJefus-Chrift rencontra allant en Emmaus.- Les loiianges que fe donne Moyfe ne font? point excefiìves. il étoit ne-ceffaire, qu’ilmarquat dans fos livres lesgraces que Dieu lui avoit faites, & il ne cache point fos propres défauts. Jofoph, & Cefar fe loiiént fouvent de la méme maniere.
Troifiéme 0 bje fi iov.Da.ns le douziéme chapitrede la Genefe l’Auteur remarque en parenthefe, qu’a-Jors les Chananéens étoient en ce pays, Chanan&us aittem erat interratila, ce qui fait voirdit-on, que celàaété écrit dans un tems, où-les Cananéens n’é-toientplus dans la Paleftine, autrementcet avertifle-ment eutété inutile. Oreft - il qu’ils n’ontétéchaffez decepaì's, que long-tems aprés la mort deMoyfe, &parconfequent, il n’eft point Auteur de ce livre. Réponfe, Quand ces paroles.. Cananaus erat interra illa, auroientcefens, on pourroit direraifonnable-ment, quecetteparenthefeauroitétéajoùréedepuis le tems de Moyfe. Gela eft ordmaire, &il arrive fouvent , que ces fortes d’explications, qu’on met premierement à la marge , pour éclaircir le texte, font enfuite inferées dans le texte en parenthefe. -Mais on peutdire, que ces paroles , Cananaus autem erat interra, ne fignifient pas olim erat in terra, le Cana-néenétoit pour lors dans cette terre, maisj4»?z«i» erat interra, il étoit dés lors dans ces paìs , c’eft-à-dire, que Moyfe pariant du paffage d’Abraham parla , terre de Sichem, remarqueque dés ce tems les Ca- ' hanéensétoientenee pays, cefenseftnaturel, & ne fouffre aucune difficulté.
Quatriémeobje&iun. Dans la Génefo chap. 22; verfot 24. la Montagne Moria eft appellée la Montagne du-Seigneur qui pourvoit.?■ Appellavitque Abraham no* tnen loci illius, Dominus 'bidet. Or dit-on, elle n’a eu cs aom que depuis qu’cllè fut deftinée pour y
I N A I R E.
■ faire un Tempie. Réponfe. D’où fcait on cela? le contraire n’eft il pas formellement marqué en cet endroit de la Genefe ? & ne paroit il pas que cé'tte Montagne a eu le nom de Dieuypourvoit ? àcaufe de la réponfe d’Abraham à fon fils, Dieu y pourvoira, mon fils.
Cinquiémeobjeftion. Dansle Deuteronome chap. 3; verf. io-; 8c 11. où il eft parlé du Roi de Bafan appelle'' Og, il eft dit qu’il étoit le feul refie' de la race des Geans, qu’on mentre encore fon Ut de fév, quiefien Rabbath desfils,'d’Ammon, qui a neuf coudées de long, &quatre de large. On dit que cesparoles font voir r que l’Auteur du Deuteronome eft bien plus recenf queMoyfe. Car premierement, pourquoi Moyfe auroit-ilparlédecelit, pour prouver lagrandeurde’ ce Geant, puifque tous les Ifraélites pouvoient l’avoir vu eux-mémes ? ileft bien pluaprobable de dirt » quecelaaefté écrit par un Auteur, qui vivoitenutr tems, où l’on n’avoit plùs de connoifiance de ce Roi. Secondement» pourquoi ce lit n’étoit-il plus dansIa; Bafanatide, mais dans Rabbath des fils d’Ammon? Enfio ce lit, dit-on, n’a eftédecouvert, quedutems de David qui fubjugua les Ammonites, &prit Rabbatti , comme il eftrapportéaufocond Livre des Rois chap. 12. verfot 30. Réponfe. Quand tout ce qu’on dit dans cette objeétion feroit vrai , il feroit facile dedirequecequiregardele lit d’Og a eftéajoutéen parenthefe. Maisriean’empèche, queMoyfen’ait rapporté ce lit pour preuve de la grand eur: de ce Geant pariant aux Ifraélites, puifqu’iFpouvoiry avoirdéja-dutems, que ce Roi étoit tue, quand Moyfeécri-voit, & qu’il n’eft pas probable, que tous les Ifraé-lites l’euflent vu. Mais quand- cela ne feroit pa»; ainfi , Moyfe a pu fo forvir de cette preuve , pour faire croire ce qu’il racontoit à la pofterité. C’eft ainfi que les Hiftoriens de nos tems pariant d’une' chofe nouvellement arrivée, qui eft extraordinaire quoi que connué- de leur tems» difont, on a telle,-&tellepieuvedece que je dis, on gardé encore ce ' monftre en un tei endroit, &c.- Quant à ce ou’on ajoùte : que ce lit de fer eùt eflé dans la Bafanatide, & non pas a Rabbath. C’eftdeviner, car pourquoi ' les Ammonites ne pouvoient-il pas l’avoir eu dés le: tems de Moyfe?
Sixiémeobje&ion. L’Auteur du Pentàteuque, dit-on, donne à des Villes , &. à des Pays des noms-qu’ils n’ont eus que long-tems aprés la mort de Moy-ie. Dans la Genefe chapitre 14. il eftditau’Abra-ham pourfuivit les Rois, qui avoient emmené fon neveu Eoth jufques à Danor le nom de Dan n’a eflé donne' à ce pays , que long-tems aprés , quand; fix cens hommes de la Tribu de Dan prirent lai ville de Lays , & lui donnerent , aprés l’avoir prife, le nom de leur Tribu comme il eftditdànsle Livre des Juges chap. 18. Le méme Auteur parie fouvent de la ville d’Hebron, qui n’aeftéainfi appel-lée, qu’aprés la mort de Moyfe dù nom d’Hebron; fils de Caleb ,, à q ui Jofué la donna ,& elle s’appeìlofo auparavant Cariatharbé , comme il eft remarqué-dans le Livre de Jofué chap. 14, Dans le Deuterouo-mechap. 3. verf. 14. il eft dit que Jayr fils de Ma-naffépojfeda tout le pay . d' Argob jufqites aux corfins: des ■